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Sécurisation des établissements scolaires : « Un collège n’est pas une prison, je préfère dialoguer"

Dans un contexte d’insécurité majeure et de menaces d’attentats, l’Éducation Nationale tente de répliquer. Plan Vigipirate urgence attentat, maîtrise des risques aux abords et dans les établissements, parents et élèves à rassurer : la communauté éducative est en première ligne.

Après avoir enseigné 20 ans, Djahida Ali-Moussa, rejoint les personnels de direction via un concours en 2011. En poste depuis 2016 au collège Catherine-Ségurane, la principale adjointe fait un point complet sur la situation et sur les pistes de renforcement de la sécurité.

Depuis 2016 comment votre collège, géré par le département, s’est-il doté en dispositifs de sécurité ?

« La sécurisation s’est faite progressivement : des clôtures très hautes juste après l’attaque du 14 juillet, des nouvelles caméras hautes-définitions avant le Covid, puis les boutons d’alerte et les exercices de PPMS (Plan Particulier de Mise en Sureté). Depuis peu on a aussi 2 boutons d’alerte aux extrémités de l’établissement, reliés au centre des autorités : c’est rassurant et dissuasif ! Mais il ne faut jamais oublier que tous ces moyens de contrôle ne vont pas empêcher quelqu’un de rentrer ou de provoquer une action violente. »


Aujourd’hui quels moyens supplémentaires réclamez-vous ? La Première Ministre et son Ministre de l’Éducation affirment « ne rien exclure ».

« Un établissement ce n’est pas une prison, on n’a pas vocation à se protéger en temps normal comme pourrait le faire une banque. J’estime que notre collège est déjà « sur-barricadé » car à l’échelle nationale, ils ne sont pas autant dotés. Donc désormais je compte sur la formation de mes personnels, le dialogue et les exercices renforcés. On est par exemple passé, cette année, à trois exercices de confinement au lieu de 2. L’ensemble de la communauté est donc mieux informé et préparé en cas de soucis.»

Vous semblez mettre le dialogue en avant, pourquoi cette posture ?

« En cette période actuelle, on est dans une psychose de niveau sociétal. Donc Notre objectif est de créer un contact de confiance avec les élèves, les parents, les associations. L’acte d’Arras, c’était un ancien élève. Nous (l’institution) avons peut-être failli dans le suivi de cet élève ? Ce qui est sûr, c’est que la plupart des attentats dans les écoles des pays anglo-saxons sont perpétrés par des anciens élèves. Pour moi, le dialogue est primordial. Ça arrive qu’on intervienne car ils repèrent un potentiel incident. Chacun doit partager ses informations et appréhensions. »


Réclamez-vous davantage de personnels humains ?

« Le recrutement d’adultes formés est absolument nécessaire. Ils sont en première ligne à l’entrée de l’établissement, ils rassurent tout le monde. Il n’y a pas que dans le collège qu’ils sont fondamentaux. Je pense aux autres partenaires plus lointain, mais qui jouent un rôle annexe de collaboration. Il y a des maillages hiérarchiques, associatifs très importants : ils doivent servir. On ne doit pas avoir une vision unie directive, on doit tous se parler, être attentif et proposer des solutions. Lors de l’attentat contre Samuel Paty, la famille de la collégienne instigatrice avait mal compris le cours de l’enseignant, ça s’est terminé en drame. »


Dans l’affaire Samuel Paty, les réseaux sociaux ont joué un rôle majeur en dehors de l’établissement. Comment pouvez-vous reprendre le contrôle ?

« C’est une triste réalité. Nous sommes également désormais formés aux enjeux des plateformes numériques. Il faut apprendre à les utiliser, car il n’y a pas que des côtés néfastes. Ça sert aussi de prévention et d’alerte pour tous. En revanche, dans notre établissement, et comme partout en France depuis 2 ans, l’usage du téléphone portable est interdit aux élèves. Il y a trop eu d’incidents, d’enseignants filmés à leur insu ou de vol, ce qui pouvait ensuite découler sur des affaires plus graves. »

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