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Scandale des EHPAD Orpéa : Victor Castanet évoque pour la première fois l’élaboration de son

Ce mardi 21 mars, le journaliste Victor Castanet était l’invité du Monaco Press Club. L’occasion, pour lui, de revenir sur le long travail d’enquête et sur les pressions qu’il a subies pour avoir écrit Les Fossoyeurs l’année dernière.


« Je n’étais pas spécialiste et les lecteurs n’avaient également aucune connaissance dans le domaine » confie Victor Castanet. Le journaliste a enquêté pendant 3 ans sur les coulisses de l’entreprise Orpéa, spécialisée dans la gestion des soins des personnes âgées. Dans son livre Les Fossoyeurs, il dénonce les nombreuses malversations, pratiques illicites et systèmes « mafieux » de l’entreprise, devenue un mastodonte dans le secteur européen : « Je voulais justement l’appeler « La Mafia Orpéa » mais je me suis ravisé quand mon avocat m’a convaincu qu’on gagnerait en neutralité en ne l’appelant pas comme cela ».

Le journaliste explique que son enquête débute en discutant avec un infirmier

qui lui révèle des pratiques douteuses dans la plus belle résidence du groupe : Les Bords de Seines située à Neuilly-Sur-Seine en région parisienne : « Quand les résidents payent pas loin de 10 000 euros par mois, et qu’on nous parle quand même de problèmes sur la gestion des équipes et sur la quantité de nourriture, on est en droit de s’interroger » indique-t-il. Il pointe du doigt les systèmes de contrôles administratifs défaillants à plusieurs reprises, mais aussi les détournements de fonds publics qui ont mené à cela : « J’ai passé des heures à feuilleter les comptes globaux et locaux des résidences, c’était extrêmement fastidieux, il fallait déceler les malversations ».


La difficulté d’enquêter et de faire parler ses sources

Très vite, un problème se pose à lui : comment infiltrer une entreprise qui a des connaissances dans tous les secteurs, et qui a ses dirigeants milliardaires ? Il faut réussir à récolter les témoignages des personnels du terrain dans les résidences. Mais aussi des responsables au siège social, qui sont au courant de la politique hors la loi, menée par le groupe : « C’est un travail de mise en confiance permanent, il fallait rassurer les gens car la pression était importante ». Parfois, certaines personnes qui avaient accepté de témoigner, anonymement ou non, ne donnent plus signe de vie du jour au lendemain par peur des représailles : « Il fallait faire patienter mes sources, car la date de parution a été beaucoup repoussée à cause du nombre de soucis relevés pendant l’enquête (…). Beaucoup me disaient que le livre ne sortirait jamais, mais j’ai tenu bon » se réjouit-il.

Durant son travail fastidieux, il se rend compte que le groupe et son personnel sont très méfiants. Des sociétés d’espionnage sont même réquisitionnées pour enquêter sur les sorties d’informations dans les sites français : « Face à un groupe qui embauche des détectives et des sociétés de conseils pour contrer votre travail, c’est délicat de travailler mais j’en n’ai jamais fait de cauchemars la nuit » ironise le journaliste d’investigation. Il raconte également que le siège avait des relevés informatiques afin de savoir qui imprimait quoi dans les bureaux partout en France : « ils devenaient dingue au siège, ils savaient qu’il y avait une taupe mais ne savaient pas qui et où ».


Un groupe qui se défend

A la sortie du livre, les actions en bourse de l'entreprise ont chuté brusquement et plusieurs enquêtes ont été ouvertes. Attaqué de toutes parts et placé depuis en redressement judiciaire, le groupe Orpéa tente progressivement de redorer son image. Avant même la publication, des sondages avaient été commandés à des cabinets de conseils spécialisés dans la communication de crise pour « influencer l'opinion publique » et discréditer Les Fossoyeurs. Une attitude que dénonce Victor Castanet : « En France, il est impossible d'enquêter sur un groupe privé pendant plusieurs années, j'ai eu de la chance d'être bien entouré avec ma maison d'édition donc j’ai tenu bon. Mais un pigiste seul aurait lâché après trop de complications ».

Orpéa a depuis nié toutes implications dans les pressions et annoncé une vaste « opération transparence ». Des réunions publiques et même des visites d'établissements sont possibles. Pourtant, il n’y a toujours que 6 personnels soignants pour 10 retraités. Il en faudrait au minimum « 8 pour 10 » selon l’enquêteur qui concède que « l’État a sa part de responsabilités ». L’entreprise fait désormais de son mieux pour respecter les protocoles en place, tout en maintenant une petite marge (10% contre 30% avant crise). L’objectif est de reconsolider son capital économique, repris par la Caisse des Dépôts et la MAIF. La direction a aussi été intégralement licenciée, et les maisons de retraite sont beaucoup moins soumises aux contrôles du siège.

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